mardi 16 juillet 2013

Ironie n°169 - Juillet Août Septembre 2013 - JEU I : Défense de l'ironie


Ironie         Ironie        Ironie
Interrogation Critique et Ludique n°169 – Juillet/Août/Septembre 2013
http://ironie.free.fr – ISSN 1285-8544
IRONIE : 51, rue Boussingault - 75013 Paris
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JEU
I
Défense de l’ironie

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Play with life

« The word “ludique”, in latin “ludo”, means “to jouer”, “to play”, which is things to live for.
You play chess and you kill, but you don’t kill much. People live after have been killed, you see.
In chess, but not in normal wars. It’s a peaceful thing, it’s a peaceful way of understanding life.
To play, play anything else, chess… but all games, all games, play with life. »

Marcel Duchamp

« Aucune époque vivante n’est partie d’une théorie : c’était d’abord un jeu, un conflit, un voyage. »

Guy Debord

« Quand j’ai rencontré Guy Debord en 1952 à Paris, il insistait toujours sur le mot ludique »

Conversation avec Jean-Michel Mension – 1997 – Café L’Assignat

« Jouer à avoir des intentions ne vous détournera pas de la belle gratuité de votre activité. »

Franz Hessel – Flâneries parisiennes (Traduction : Maël Renouard)

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Vie merveilleuse

« J’ai eu une vie absolument merveilleuse. »

Marcel Duchamp

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L’art de vivre

« J’aurais voulu travailler, mais il y avait en moi un fond de paresse énorme.
J’aime mieux vivre, respirer, que travailler. Donc, si vous voulez, mon art serait de vivre. »

Marcel Duchamp

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Ne travaillez jamais

« Je n’ai pas envie de travailler ou de faire quelque chose. Je suis très bien.
Je trouve que la vie est tellement belle lorsqu’on n’a rien à faire…
Du moins à travailler j’entends.
Même la peinture, les questions d’art ne m’intéressent absolument plus.
Le travail pour vivre est une imbécillité. »

Marcel Duchamp

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Pêcheur de perles

« Renouons la chaîne régulière avec les temps passés ; la poésie est la géométrie par excellence. »

Lautréamont

« L’avenir n’a été exploré que par des charlatans et c’est le passé qui demeure inexploré ! »

Marcel Duchamp

« Comme le pêcheur de perles qui va au fond de la mer, non pour l’excaver et l’amener à la lumière du jour, mais pour arracher dans la profondeur le riche et l’étrange, perles et coraux, et les porter, comme fragments, à la surface du jour, il plonge dans les profondeurs du passé, mais non pour le ranimer tel qu’il fut et contribuer au renouvellement d’époques mortes. Ce qui guide ce penser est la conviction que s’il est bien vrai que le vivant succombe aux ravages du temps, le processus de décomposition est simultanément processus de cristallisation ; que dans l’abri de la mer – l’élément lui-même non historique auquel doit retomber tout ce qui dans l’histoire est venu et devenu – naissent de nouvelles formes et configurations cristallisées qui, rendues invulnérables aux éléments, survivent et attendent seulement le pêcheur de perle qui les portera au jour : comme "éclats de pensée" ou bien aussi comme immortel Urphänomene. »

Hannah Arendt – Walter Benjamin 1892-1940 – 1971
Citation utilisée dans l’article 3 des statuts de l’association « Le club des Sous l’Eau » (2013)

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Improvisation

« Dès l’âge le plus tendre, il étonnait par la richesse de son improvisation. Il se gardait bien cependant d’en faire parade ; mais les quelques élus qui l’ont entendu improviser pendant des heures entières, de la manière la plus merveilleuse, sans jamais rappeler une phrase quelconque de n’importe quel compositeur, sans même toucher à aucune de ses propres œuvres, ne nous contrediront pas si nous avançons que ses plus belles compositions ne sont que des reflets et des échos de son improvisation. Cette inspiration spontanée était comme un torrent intarissable de matières précieuses en ébullition. De temps en temps, le maître en puisait quelques coupes pour les jeter dans son moule, et il s’est trouvé que ces coupes étaient remplies de perles et de rubis. »

Julian Fontana à propos de Frédéric Chopin

« Dans l’improvisation réside la force. Tous les coups décisifs seront portés de la main gauche. »

Walter Benjamin

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On the road

« Le pouvoir d’une route de campagne est autre, selon qu’on y marche, ou qu’on la survole en aéroplane. Et le pouvoir d’un texte est autre aussi, selon qu’on le lit ou qu’on le copie. Qui vole voit simplement la route se poursuivre à travers le paysage, elle se déroule pour lui selon les mêmes lois que le terrain qui l’entoure. Seul celui qui va sur la route apprend de son pouvoir, et comment de ce plat espace-là, qui n’est pour l’aviateur que la plaine s’étendant au loin, elle fait surgir à chacun de ses tournants des lointains, des belvédères, des clairières, des perspectives, comme l’ordre lancé par un commandant fait surgir les soldats d’un front. Seul le texte copié commande ainsi à l’âme de celui qui s’occupe de lui, tandis que le simple lecteur ne prend jamais connaissance des aperçus nouveaux de son intériorité, tels que les dégage le texte, cette route qui traverse la forêt primitive, intérieure, toujours plus dense : car le lecteur obéit au mouvement de son moi, dans l’espace libre de la rêverie, alors que le copiste l’assujettit à une discipline. Voilà pourquoi l’art chinois du copiste fut la garantie ultime d’une culture littéraire, et la copie une clé pour les énigmes de la Chine. »

Walter Benjamin – Sens unique (Traduction : Frédéric Joly) – 1928

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Pauvres vieilleries !

« Et combien nous sommes encore loin de voir à la pensée scientifique se joindre les facultés artistiques et la sagesse pratique de la vie, de voir se former un système organique supérieur par rapport auquel le savant, le médecin, l’artiste et le législateur, tels que nous les connaissons maintenant, apparaîtrait comme de pauvres vieilleries ! »

Nietzsche – Le Gai Savoir – Phrase relevée par Guy Debord dans ses fiches nomades
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L’air de rien

« L’activité littéraire véritable ne peut revendiquer se dérouler dans un cadre littéraire – cela est au contraire l’expression habituelle de sa stérilité. L’efficacité littéraire, si elle doit être remarquée, ne peut être le fruit que d’un échange pénétrant de l’action et de l’écriture ; dans les tracts, les brochures, les articles de magazine, sur les affiches, elle doit travailler les formes qui n’ont l’air de rien, qui correspondent mieux que l’exigeant geste universel du livre au crédit dont elle bénéficie dans les communautés laborieuses. Seul ce langage vif se montre efficient, à la hauteur du moment présent. »

Walter Benjamin – Sens unique (Traduction : Frédéric Joly) – 1928

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Gaieté

« Je n’appelle pas gaieté ce qui excite le rire ; mais un certain charme, un air agréable
qu’on peut donner à toutes sortes de sujets, même les plus sérieux. »

Jean de La Fontaine – Préface aux Fables

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Volupté du temps

« Qui son corps livre / Au train poursuivre / De volupté,
D’amours est yvre / De tousjours suyvre / Charnalité »

Guillaume Alexis – Grant Blason des Faulces Amours – XVe

« Si vous êtes malheureux, il ne faut pas le dire au lecteur. Gardez cela pour vous. »

Lautréamont

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Livres et putains

« I. On peut prendre au lit livres et putains. II. Livres et putains croisent le temps. Ils maîtrisent la nuit comme le jour, et le jour comme la nuit. III. Il n’y a personne pour voir que les minutes sont précieuses aux livres et aux putains. X. Livres et putains rajeunissent beaucoup. »

Walter Benjamin – Sens unique (Traduction : Frédéric Joly) – 1928

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Interrogation critique et ludique

« - Qu’est-ce que la parole ? – L’interprète de l’âme.
- Qu’est-ce que l’amitié ? - La similitude des âmes.
- Qu’est-ce que la foi ? - La certitude des choses ignorées et merveilleuses.
- Qu’est-ce qui est et n’est pas en même temps ? - Le néant.
- Comment peut-il être et ne pas être ? - Il est de nom et n’est pas de fait. »

Alcuin d’York – VIIIe

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Renaissance

« C’est par les débris des ouvrages des anciens que les arts ont repris naissance chez les modernes ; c’est par les moyens qu’ils employaient eux-mêmes qu’il faut chercher à faire revivre les anciens parmi nous, en les continuant. »

Ingres – Ecrits sur l’art

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Le plus européen de tous les biens

« Le plus européen de tous les biens : cette ironie plus ou moins lisible au moyen de laquelle la vie de l’individu revendique se dérouler sur un autre mode que l’existence de toute communauté où elle se trouve jetée. »

Walter Benjamin – Sens unique (Traduction : Frédéric Joly) – 1928
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Esquisse d’une carte littéraire du monde par Guy Debord



Etats-Unis : E. Poe ; H. Melville ; Hemingway



France : Alcuin ; Table Ronde ; VILLON ; Charles d’Orléans ; MONTAIGNE ; La Boétie ; Montluc ; GONDI ; Pascal ; La Rochefoucauld ; BOSSUET ; Molière ; Montesquieu ; Saint-Simon ; Vauvenargues ; Diderot ; Saint-Just ; Chateaubriand ; STENDHAL ; Nerval ; Musset ; Baudelaire ; LAUTREAMONT ; Mallarmé ; Rimbaud ; Apollinaire ; Proust ; Breton
Angleterre : SHAKESPEARE ; SWIFT ; Sterne ; Th. de Quincey ; Coleridge ; W. Scott ; Lewis Carrol ; Stevenson ; A. Cravan ; (Joyce) ; Loewy
Allemagne : HEGEL ; MARX ; NOVALIS ; CLAUSEWITZ ; Heine ; Hölderlin ; Goethe ; Schiller ; Nietzsche ; Musil ; (Dada). Pologne : Cieskowski.
Roumanie : Tzara ; (Isou). Russie : Gogol ; Bakounine. Espagne et Portugal : CERVANTES ; Calderon ; Gracian ; (Camoens ; Pessoa).
Italie : DANTE ; MACHIAVEL ; Pétrarque ; Horace ; Suétone. Grèce : Homère ; Héraclite ; THUCYDIDE ; Hérodote ; Aristophane.
Chine : LI PO ; Tou Fou ; (mot illisible). Iran : OMAR KHAYAM.  Israël : ECCLESIASTE. Maroc : Ibn Battûta. Tunisie : Ibn Khaldoun.

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